L’adoption pose une véritable problématique car il ne s’agit pas que d’une question d’amour. Si c’était le cas, toutes les adoptions seraient des réussites, or la réalité est toute autre.
Les spécialistes dont Jean-Jacques Choulot qui a ouvert la première Coca (Consultation d’Orientation et de Conseil en Adoption) à Pau et publié des documents sur les « dérives non éthiques de l’adoption internationale », dit bien qu’il y a des enfants non adoptables. Il ajoute « l’adoption n’est pas la solution à la misère des enfants. Ce n’est pas ce qui va les sauver pour beaucoup d’entre eux. » Bien sûr ce discours n’est pas souvent apprécié des parents ou futurs parents adoptants, bien qu’il reflète la réalité.
Il rappelle aussi qu’il n’y a pas de droit des parents à adopter un enfant, mais bien un droit des enfants à avoir des parents. En effet, l’adoption est avant tout dans l’intérêt de l’enfant, sauf qu’on ne lui demande rien, on présuppose que c’est pour son bien.
La parole des adoptés est d’ailleurs largement sous-évaluée dans la prise en compte globale de l’adoption.
L’enfant, même très jeune, a déjà toute une histoire qu’il ne connaît pas ou qui est refoulée et qui sera décisive pour l’adaptation à cette nouvelle vie.
Xavier Pommereau, pédopsychiatre à Bordeaux disait lors d’une de ses conférences sur le suicide des adolescents, que ce dernier est sous évalué, notamment chez les adoptés et alarmait sur la gravité de la situation.
Il est encore besoin de réfléchir sur la place de l’adoption dans nos sociétés et notamment des pistes sont encore à découvrir pour mieux accueillir l’enfant et son suivi car il a des besoins spécifiques. En même temps, cette approche risquerait peut-être de stigmatiser l’adopté et in fine médicaliser l’adoption.
A l’heure de la pleine conscience de l’utilisation des ressources, j’ai entendu à plusieurs reprises qu’adopter serait un acte éco-citoyen… Ne serait-ce pas réduire l’enfant à un objet recyclable… ce qui me paraît choquant à entendre en tant qu’adoptée !! Dr Choulot dit bien qu’on n’adopte pas un enfant pour faire une «bonne action» (cqfd vision judéo chrétienne) et je le rejoins tout à fait.
Nb : Cet article comporte quelques extraits de mon Travail de Recherche » L’adoption : de l’intérêt d’une reconnaissance identitaire des adoptés. Cas de Coréens en France » 2012.