Sylvie, 57 ans est professeur de sport à la retraite et vient me voir sur avis de l’association Au Sein Des Femmes avec qui Bonne Roots, l’association dont je suis présidente fondatrice est en partenariat.
Elle a subi l’ablation du sein droit. C’est sa 2e rechute et à ses dires, elle n’est plus dans la dynamique de combat comme il y a 5 ans, car elle connaît l’ennemi.
Elle a maintenant besoin de comprendre ce que la maladie veut lui dire, de faire la paix avec elle-même.
Elle est dans « le besoin de se retrouver avec authenticité. Jusqu’ici elle a joué un rôle familial autant que social ». Elle dit avoir des difficultés à ressentir son corps.
Je lui rappelle que dans l’accompagnement que je propose, j’utilise différents outils pour l’accompagner mais que les réponses, c’est à elle de les trouver puisqu’il s’agit de son cheminement personnel.
Je lui dis qu’elle porte une grande culpabilité ce qu’acquiesce largement sa sœur aînée qui l’a accompagnée au premier RDV et qui se tient en arrière-plan.
A la fin de cette première séance, elle se sent « décompactée, a ressenti beaucoup de chaleur au niveau du cœur » et arbore un large sourire béat d’apaisement.
Elle prendra régulièrement des rdv, profitant de ses venues sur Bordeaux et apprendra progressivement à « apprivoiser » ce corps physique dont les sensations et ressentis lui faisaient tant défaut.
Au fil du temps, nous sommes devenues amies, ainsi qu’avec sa famille et son entourage.
Elle a fait le choix éclairé et lucide de partir, ayant réalisé tout ce qu’elle avait à vivre, entouré de sa famille et de ses ami(e)s. Elle avait enfin trouvé la paix intérieure !
Je l’ai accompagnée jusqu’au bout et garde le souvenir de son sourire quand elle m’a entendu joué du tambour dans la chambre d’hôpital, ayant à peine la force d’ouvrir les yeux, ainsi que du duo avec sa sœur lorsque de concert nous lui avons toutes les deux massé les pieds à son chevet de mourante.
« Sylvie est décédée en fin de matinée dans son sommeil et sans souffrance… »
C’était une bien belle personne, digne et extraordinaire : un modèle de courage. Elle déplaçait des montagnes malgré son état général affaibli, parce qu’elle voulait à tout prix être actrice et moteur du changement de ce nouveau monde. Comme moi, elle aimait tisser et créer des liens, ce qu’elle a réussi avec brio; raison pour laquelle mes projets l’enthousiasmaient tant. Elle y a participé en rédigeant un témoignage, comme pour apporter sa pierre à l’édifice de Bonne Roots & Ko (Cas 17 – Sylvie et son témoignage). Je pense souvent à elle et elle continue de m’accompagner dans mes projets.
NB :
Soigner signifie généralement guérir et sauver de la mort, parfois dans un certain acharnement…
Pourtant dans certains cas, comme dans celui de Sylvie, la mort ne signifie pas l’échec, même s’il n’enlève rien au chagrin et à la souffrance de ceux qui restent.