Cas 26 – Jean Jacques et l’AVC

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Jean-Jacques, la soixantaine a fait un AVC il y a plus d’1an et garde une paralysie de tout l’hémicorps droit. Je le prends en charge le matin pour la douche.

Il faut l’aider à enjamber la baignoire, le savonner et l’habiller, ainsi qu’une surveillance de la tension artérielle.

Jean-Jacques a ses habitudes presque millimétrées qu’il me fait bien comprendre d’une façon ou d’une autre, ayant des problèmes d’élocution qui sont d’autres séquelles de l’AVC. Je finis par comprendre, par deviner. Entre les tournures créoles et ses difficultés à formuler sa pensée, cela exige beaucoup de concentration et je n’y arrive pas toujours malgré mes efforts intenses.

Parfois des fous rires réciproques arrivent quand ça « tourne en rond » entre les mots qui ne sortent pas ou mal et mon incompréhension à saisir ce qu’il me dit… Ce sera pour la prochaine fois…

Je décèle rapidement du potentiel non exploité chez lui et le questionne sur la rééducation et ses projets…

Difficile de se projeter quand on est « handicapé ». Je pense qu’il est quand même nécessaire d’avoir des projets, aussi infimes soient-ils. Il est visiblement frustré d’avoir cessé par force son activité. Il tenait une entreprise d’électricité et rêve de reprendre un jour mais il sait bien que cela reste de l’ordre de l’utopie. Il est très bien entouré de sa famille.

Je parle de son ressenti auprès de l’infirmière titulaire du cabinet ; j’ai son aval. Patient et famille sont d’accord pour les séances occasionnelles de tambour.

Je précise à Jean-Jacques que la séance pourra se faire en fonction de ma charge de travail et aussi de ma forme. Nous sommes partis pour quelques semaines…

Au bout de 3 séances, ma collègue me fait les transmissions : il va tout seul dans la baignoire, il refuse d’être aidé. Je me réjouis de cette bonne nouvelle et il me tarde de voir de mes propres yeux. En effet, il semble comme plus léger, c’est un bel homme bâti comme un joueur de rugby, et même il arrive mieux à s’exprimer. Nous pouvons presque tenir une conversation.

Je veille à garder la distance nécessaire, soignant-soigné, pour ne pas créer de dépendance ni de favoritisme parmi les intervenants.

L’activité du cabinet a repris de façon plus intensive, obligeant à espacer les séances (j’en ai réalisée au total) et j’ai finalement décidé de cesser mon activité au sein de ce cabinet. Jean-Jacques me questionne sur comment poursuivre et quels sont les tarifs. Je réponds en ajoutant que c’est à sa convenance, qu’il existe d’autres pratiques, peut-être plus conventionnelles qui pourraient tout autant lui convenir.

Je n’ai pas eu de nouvelles.

NB :

L’aspect financier est souvent l’excuse, le frein à la poursuite. Un choix qui ne m’appartient pas.

Ce que je demande est un juste retour pour ce qui est donné avec cœur et conscience.

J’ai aussi cette liberté et ce devoir de ne pas nourrir le déséquilibre ; je suis un être d’EQUI-LIBRE.

Comme la mort, l’argent est tabou parce que souvent associé à des vices. Mon regard sur la mort et l’argent est sacré et bien éloigné de cette vision.

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