J’interviens bénévolement et ponctuellement pour animer des séances collectives de voyage sonore en addictologie au CHU. Le déplacement étant long, je prévois d’y rester une demi-journée, entrecoupée du déjeuner, moment lui aussi convivial, que je partage avec les patients et parfois l’équipe de soins et d’encadrement.
Les séances se déroulent bien et se composent à chaque fois de nouvelles et d’anciennes personnes. A l’issue de chaque séance je fais circuler le bâton de paroles pour que chacun/chacune puisse s’exprimer librement et sans jugement. Il arrive parfois qu’une personne soit réfractaire mais portée par, je pense, la dynamique du groupe, elle finit le plus souvent par parler de son expérience et échanger avec les autres. Les groupes sont très hétérogènes (âge, profil social et culturel, majoritairement des hommes) et les remarques sont toutes pertinentes.
Les effets du voyage sonore :
Les participants se sentent détendus, certains s’assoupissent et ronflent. A l’unanimité ils demandent à ce que l’intervention soit plus fréquente et plus longue.
Lors d’une séance, je découvre Bruno, la cinquantaine. Il s’est installé confortablement sur un fauteuil adapté. Ancien militaire, il est amputé d’une jambe et porteur d’une prothèse qu’il a retiré pour être plus à son aise. Il est relativement autonome.
Une vidéo improvisée sera réalisée sur son témoignage qui m’a particulièrement interpellé.
Il est habitué à écouter au casque audio la musique de méditation qui a pour effet de le détendre. Il ajoute que cela ne fait pas varier pour autant sa consommation d’opiacés.
Après cette première expérience de voyage sonore, il avoue être plus détendu que lorsqu’il écoute les séances audio chez lui et ne pas ressentir le besoin de prendre la méthadone, contrairement à ses habitudes.
Nous échangeons longuement sur le voyage sonore et les effets bénéfiques qu’il en a retirés. Il est très surpris car il n’a jamais eu de telles sensations alors qu’il suit régulièrement des séances de musicothérapie.
NB :
Ce témoignage relate les effets antalgiques du voyage sonore.
J’interviens également en proposant des massages qui ont un tel succès que je ne suis pas en capacité de prendre toutes les personnes inscrites.
Ces interventions ont un sens pour moi :
Elles permettent de contribuer à redonner confiance, à (re)créer du lien souvent distendu par l’addiction qui isole et enferme la personne.
Le son et le massage sont des soutiens pour reprendre contact avec le corps physique malmené (ses limites et ses contours physiques), ressentir ses besoins, (re)apprendre à l’aimer et à le respecter. Leurs effets apaisants aident à surmonter le sevrage qui est une longue et difficile étape.
J’offre un espace neutre, une écoute empathique complémentaire à l’encadrement classique, un lien pour les soignés autant que les soignants.